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Poids du sac à dos pour Compostelle : et si on voyait les choses différemment ?

by xn--pas--patte-k4a.com

Quelle que soit l’étape dans laquelle tu es pour la préparation de ton pèlerinage (ou toute autre randonnée), tu t’es forcément demandé à un moment quel devait être le poids de ton sac à dos pour Compostelle ?

Cette question, je me la suis posée aussi. Combien devait peser mon sac pour que je réussisse à le porter durant plusieurs semaines, sans me blessersans que ce soit trop difficile ? 

Au fil de mes itinérances et en observant les autres personnes autour de moi, j’ai constaté que la question du poids du sac à dos ne se résumait pas qu’à une histoire de kilos

Je te partage dans cet article ma réflexion à ce sujet.

« Quel est le poids de ton sac à dos ? "

La question du poids du sac est une obsession pour beaucoup de personnes, que ce soit sur le Chemin de Compostelle ou sur d’autres randonnées en itinérance que j’ai pu faire.

Si je n’entendais pas la question « Combien il pèse ton sac ? » 10 fois par jour, c’est que j’avais quitté le chemin. À plus forte raison en voyageant avec mes chiens. Cette question était immédiatement suivie de « Mais tu portes leurs croquettes ????? »

Je te rassure tout de suite. Ça m’est arrivé de peser chaque élément que je mettais dans mon sac pour pouvoir répondre à cette sacrosainte question. Mais je me rends compte maintenant que ce n’est pas l’essentiel. Ou plutôt qu’il n’y a pas que ça – le poids de ton sac – qui le rend difficile ou non à porter.

Et si il y avait autre chose que le poids qui rendait le sac lourd ?

Combien de fois j’ai vu des personnes porter avec bonheur un sac de plus de 15 kg. Au contraire, combien de fois j’ai vu des personnes avoir de terribles difficultés avec leur sac de 6-8 kg.

J’ai aussi vu des petits gabarits porter des gros sacs aisément et des plus gros gabarits peiner avec des plus petits sacs. Pour moi, il n’y a pas de règle.

Alors oui, on dit souvent qu’il ne faut pas aller au-delà de 20 % du poids du corps. Et entendons-nous bien, c’est sûr que l’aventure va être physiquement plus difficile pour une personne qui porte 20 kg par rapport à une personne qui a 5 kg sur le dos.

Mais, je voudrais surtout faire référence à la pénibilité due au portage du sac. Et à mon sens, il y a une dimension beaucoup plus subjective qui rentre en jeu.

T’es-tu déjà posé les questions suivantes concernant ton sac ?

Qu’est-ce que ton sac représente pour toi ?

Qu’est-ce que tu portes dans ton sac à dos ?

Comment le considères-tu ? Comme un boulet ou plutôt comme ta maison temporaire ?

Est-ce que tu transportes tout ton matériel de bivouac, car on t’a dit qu’il fallait absolument faire le chemin de Compostelle en tente pour ne pas être confronté aux punaises de lit dans les auberges ? ou alors est-ce que parce que ça a du sens pour toi de faire ce voyage en tente ?

Mon sac n’est pas un boulet.

Mon sac oscillait entre 16 et 19 kg en fonction de la quantité de nourriture que j’avais pour mes chiens et moi.

Les personnes qui sous-pesaient mon sac trouvaient à l’unanimité qu’il était lourd. Moi, je ne me suis pas tellement posé cette question, car il y avait dedans tout le matériel dont je pensais avoir besoin et qui me semblait important.

À la fin des 3 mois sur le Chemin, tout ce que je transportais m’a servi plus d’une fois. Mais c’était selon ma perception des choses. Il est fort probable que si une autre personne avait regardé le contenu de mon sac, elle aurait trouvé des choses inutiles ou alors il lui aurait manqué des choses.

J’ai toujours eu de la joie à porter mon sac. Je le considérais comme ma maison ambulante avec tout ce dont j’avais besoin pour être autonome sur le Chemin.

Cela n’empêche pas que certains jours, je trouvais mon sac plus lourd que d’autres. Bien souvent, cela ne correspondait pas aux journées où il était effectivement le plus lourd. Cela dépendait plutôt de ma fatigue et de mon état d’esprit du moment.

Le juste sac

Ce qui est également important, c’est que le sac soit en adéquation avec la façon dont tu voyages, le confort que tu es prêt à lâcher ou au contraire qui est important pour toi, et le type d’itinérance que tu souhaites vivre.

Je m’explique : si tu décides de partir en bivouac sauvage tout(e) seul(e), mais que tu sens que tu n’es pas prêt(e) du tout à sauter le pas, et que ça représente une grande angoisse pour toi, il y a de fortes chances que le poids du matériel de bivouac semble peser très lourd dans le sac.

Cela me fait penser à une rencontre que j’avais faite sur le chemin.

Une histoire de sac

Un sac trop lourd

Un soir, alors que nous dormions avec d’autres pèlerins dans un refuge gratuit, nous faisons la rencontre d’une pèlerine qui avait débuté le Chemin une dizaine de jours plus tôt.

Elle vivait à ce moment-là très péniblement ses journées de marche. Elle trouvait son sac trop lourd, et il la faisait terriblement souffrir en fin de journée. Je lui propose de l’aider à régler et à réorganiser le rangement de son sac.

Au fil des échanges avec elle, j’apprends que c’est sa première randonnée en itinérance, qu’elle n’avait jamais bivouaqué, et qu’elle avait énormément d’angoisses concernant le fait de bivouaquer seule. Elle avait pourtant décidé de prendre un hamac (elle n’en avait jamais utilisé auparavant) et tous les équipements nécessaires pour dormir dehors.

Au jour où je l’ai rencontrée, elle avait dormi tous les soirs en auberges car elle ne s’était pas sentie de sauter le pas.

En l’aidant à ranger son sac, je lui suggère de revoir la manière dont elle voyait l’expérience du Chemin : renvoyer tout son matériel de bivouac et dormir en auberge le soir. Cela lui permettrait d’une part d’alléger son sac, et d’autre part de la délester du stress qu’elle avait à dormir dehors. Sur le moment, elle me répond que non, elle veut essayer d’utiliser son hamac.

Je l’aide donc à ranger et régler son sac. Elle gagne en confort. Le poids est mieux réparti et le réglage lui permet de décharger ses épaules. Je lui souhaite bonne route en espérant que les prochains jours soient plus agréables pour elle.

Changement de plan

Je la recroise une semaine plus tard. Je la vois plus souriante que quand je l’avais rencontrée. Elle m’apprend qu’elle a finalement renvoyé toutes ses affaires de bivouac chez elle. Son sac est de ce fait plus léger, et surtout, elle est beaucoup moins stressée car cela lui convient mieux de passer toutes ses nuits en auberge. En plus, cela lui permet de rencontrer plus facilement du monde. Elle se sent alors apaisée et soulagée.

Dans l’histoire de cette pèlerine, il y avait un décalage entre ce que sa tête avait décidé et ce qu’elle était réellement prête à vivre. Sa tête avait décidé de dormir dehors, mais ses tripes n’étaient pas alignées avec cette décision. Ce n’était pas le moment pour elle de sauter le pas car cela la faisait sortir trop loin de sa zone de confort.

Cette histoire n’est en aucun cas un jugement, mais je trouve que c’est une bonne illustration du fait qu’il est important de respecter ses limites et de s’écouter. Dans ce cas, ce n’était pas tellement le poids du sac qui était un problème, mais plutôt ce que le sac représentait : l’échec de ne pas réussir à dormir dehors.

Montre moi ton sac, je te dirai qui tu es.

J’exagère à peine en disant ça, mais je me suis rendu compte que le poids du sac était assez souvent corrélé avec le poids des angoisses du porteur du sac.

« Au cas où »

L’exemple le plus criant est le fameux « au cas où », qui est d’ailleurs encore très présent lors de mes préparatifs avant un départ. Maintenant, j’en ai conscience, alors je m’en méfie, mais il est filou et a tendance à revenir à la charge insidieusement.

Ça te fait sourire ? Probablement parce qu’il t’accompagne aussi lorsque tu prépares tes affaires.

  • « Je prends une veste en plus au cas où il fasse froid »
  • « Je prends des barres de céréales en réserve au cas où j’ai faim. »
  • « Je prends ma batterie externe au cas où je ne trouve pas de quoi charger mon téléphone »
  • « Je prends une trousse à pharmacie XXL avec l’annexe de la pharmacie de mon quartier pour parer à toute éventualité »

Attention, je ne suis pas en train de dire qu’il faut partir sans rien et complètement à l’arrache, quitte à se mettre en danger. Mais il faut rester mesuré et s’adapter à l’environnement.

Par exemple, sur le Chemin de Compostelle, la probabilité de mourir de faim est minime compte tenu de la quantité de magasins et de zones de ravitaillement réparties sur le parcours. Il est également fort peu probable que tu ne trouves pas un seul endroit pour charger ton téléphone pendant une journée, même en dormant en tente.

Mais ce que je veux dire, c’est que bien souvent, ces « au cas où » sont révélateurs de peurs : peur d’avoir faim, froid, chaud, de manquer de quelque chose, d’être malade, des punaises de lit, de se perdre… Le simple fait d’en avoir conscience permet de relativiser et parfois de se délester de certaines choses.

Quelle aventure veux tu vivre?

Avant de faire son sac, il me semble hyper important de prendre le temps de se poser et de se demander ce que tu es prêt à vivre pendant ce voyage :

  • Est-ce que je suis prêt à dormir seul(e) dehors ou pas encore ?
  • Est-ce que j’ai envie de prendre ma popote pour me faire à manger, ou alors est-ce que je préfère manger des repas froids ?
  • Est-ce que je prends des guides papier ou est-ce que je préfère consulter ça sur le téléphone ? ou alors ne rien prendre et demander les infos dont j’aurai besoin aux personnes que je rencontrerai ?
  • Est-ce que j’ai envie de prendre un livre, mon instrument de musique ? J’ai vu plusieurs fois des pèlerins transporter un instrument de musique plus ou moins volumineux. Ils étaient tout à fait OK avec le fait de le porter car pour eux, c’était un vecteur de rencontre, de joie et que ça représentait un point important de leur voyage.

Peu importe ce que tu choisis de mettre dans ton sac, le principal, c’est que ce soit juste pour toi.

Ne te mets pas trop la pression non plus, tu peux à tout moment réajuster et renvoyer du matériel qui finalement te semble inutile.

Réévaluer le contenu de ton sac en cours de route

Je considère toujours le contenu de mon sac comme quelque chose de fluctuant et de modifiable à tout moment. C’est encore plus vrai sur les itinérances au long cours. 

Il y a déjà le changement de saison qui impacte fortement le contenu du sac. Pour le Chemin de Compostelle, je suis partie en été et rentrée en hiver. Les vêtements dont j’avais besoin n’étaient pas les mêmes.

Et il y a aussi la différence entre ce qui est imaginé lors des préparatifs avant de partir et la réalité du terrain. 

Ce que j’aime bien faire régulièrement pendant un voyage, c’est de vider tout mon sac et refaire un tri en prenant chaque objet un par un et en me demandant s’il est vraiment utile et si j’en ai vraiment besoin. Ça permet de refaire le point et de voir l’évolution : quelque chose qui était important au départ et qui devient complètement inutile. 

Il est possible que ton sac se déleste au fur et à mesure des kilomètres parcourus et des choses sur lesquelles tu lâches prise.

Bon Chemin ! 

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